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Cette rubrique estivale vous accompagnera tout l’été. Elle vise à donner quelques pistes de lecture où la musique est présente, sans en être le sujet principal.

Musicien gnaoua en décembre dernier
Photo: Fadel Senna / AFP

La chaleur des jours d’été, la langueur qui rythme les heures… Voilà le moment propice pour faire de la musique autrement… Ou, comme nous invite l’auteur Alberto Ruy Sánchez, pour voir la musique plutôt que de l’entendre ou la pratiquer. Dans son roman Neuf fois neuf choses que l’on dit de Mogador, la ville portuaire d’Essaouira bat la mesure. Au rythme du vent, au rythme des corps, au rythme des jeux d’ombre et de lumière. Et l’écrivain rythme son écriture de neuf chapitres divisés en 9 parties. Le huitième chapitre est consacré à la musique.

67.
La musique retentit si bien dans tous les coins du port et même dans ses rues courbes que la plus appréciée par tous est celle qui ne s’entend pas mais se voit. Elle n’est dépourvue ni de composition ni d’harmonie, ses proportions sont parfaites, et l’on peut en suivre la partition du regard en se livrant aux émotions que suscitent ses intensités et ses pauses. C’est une musique pour le regard: démarche à la fois légère et lourde des adolescents amoureux; choeur de mains qui donnent et prennent argent et objets sur les marchés; amples gestes des pêcheurs qui lancent leurs filets et petites mouvements secs quand ils les réparent sur un quai; allure à quatre temps des chameaux qui entrent dans la ville après avoir traversé le Sahara chargés de sel de Tombouctou; battements des paupières de ceux qui regardent fixement l’horizon par-delà les murailles; frottements des brosses des peintres qui appuient la millième partie du poids de leur corps sur la toile; mouvements de tête de chats qui guettent du haut des toits, des tours et des couronnements ornés des murs; interminable et laborieux coucher de soleil quotidien. »

pp. 56-57, Ed. Les Allusifs, 2006, no. 039

Inutile d’aller aussi loin, laissez-vous capter par ce jeu de l’observation dans votre environnement: chacun y trouvera la musique qui lui convient!

Quant à Essaouira, son festival, le «Woodstock marocain», annulé cet été, célèbre la «musique qui s’entend» :  la musique Gnaoua (ou Gnawa), inscrite fin 2019 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

Retrouvez les précédents billets de cette rubrique d’été:

Lecture estivale (1)

Lecture estivale (2)

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