9 décembre 1894. Le professeur Théodore Flournoy se rend au domicile de son collègue Auguste Lemaître pour y rencontrer Catherine Elise Muller, entrée dans la postérité sous le pseudonyme d’Hélène Smith, une jeune médium qui présente des manifestations somnambuliques et qui fréquente depuis peu les milieux spirites de Genève. Ils vont collaborer quatre ans, l’une pour prouver qu’elle communique avec le monde des morts et l’autre pour faire une observation scientifique, clinique, sous l’angle de la psychopathologie.
C’est au cours de ces séances qu’Hélène Smith, en transe, entre en relation avec les habitants de la planète Mars. Elle en dévoile les mystères en utilisant un langage inintelligible, apparenté selon elle au sanscrit, que Théodore Flournoy soumettra à son ami linguiste Ferdinand de Saussure et qui se révélera finalement être un mélange de syllabes.
A côté de ces phénomènes de glossolalie, elle partage ses visions en dessinant au crayon et au pinceau des paysages martiens, des plantes ornementales et des maisons au caractère oriental, mais également des personnages portant des grandes robes, des chapeaux et des sandales liées au pied par des courroies et dont certains se distinguent par leur nom: Esenale ou encore Astané. Sa production picturale inspirera le mouvement surréaliste.
Théodore Flournoy publiera en 1899 ses réflexions sur cette collaboration dans «Des Indes à la Planète Mars» qui scellera la rupture avec une Hélène Smith devenue au fil du temps profondément amère.
Les dessins d’Hélène Smith, conservés par la Bibliothèque de Genève, ont été exposés ces dernières années à Vienne, à Marseille et à Palma de Majorque. Ils seront à nouveau à l’honneur pour la 59ème Exposition Internationale d’Art de La Biennale de Venise qui ouvre ses portes le 19 avril 2022, sous le commissariat de Cecilia Alemani.
Pour aller plus loin: Papiers de la famille Flournoy