Le Centre d’iconographie conserve un ensemble de 53 négatifs sur papier. Ces documents fragiles et rares sont des calotypes, du nom du procédé photographique inventé par l’anglais Henri Fox Talbot (1800-1877). Breveté en 1841, deux ans après l’annonce officielle de l’invention du daguerréotype en 1839, le calotype présente sur celui-ci l’avantage de permettre la multiplication des épreuves.
Alors que le procédé de Daguerre produit une image unique non reproductible, Talbot accomplit cette avancée décisive en proposant le premier procédé négatif-positif. Une feuille de papier est sensibilisée par une solution à base d’argent qui noircit à la lumière. Le sujet photographié y apparait en négatif, les zones éclairées noircissant davantage que les ombres qui demeurent claires. Une nouvelle feuille est alors exposée au contact de ce négatif papier: l’inversion des zones sombres et claires produit l’épreuve finale. Il devient possible de répéter cette dernière opération pour multiplier les épreuves, comme dans ces photos de la place du Molard:
Les négatifs ont longtemps été négligés par les collectionneurs, collectionneuses et les institutions. On y accordait moins d’importance qu’aux épreuves positives, considérées comme les documents originaux, et souvent signées. Des ensembles de calotypes d’une certaine ampleur font figure d’exception. La série conservée au Centre d’iconographie en est un bel exemple.
La récente publication «D’après nature, photographie suisse au XIXe siècle» a montré que c’est surtout en Suisse romande que l’intérêt pour le calotype et les papiers salés s’est manifesté, en raison vraisemblablement des liens qui unissent cette région linguistique à Paris, berceau de la photographie mais également capitale des Arts. De nombreux peintres figurent parmi les premiers à s’y intéresser. A Genève, le peintre photographe François d’Albert-Durade (1804-1886), Sebastian Straub (1806-1874), Jean-Louis Populus (1807-1859) et en France Gustave Le Gray (1820-1884), Hyppolite Bayard (1801-1887) entre autres.