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1979 : mon premier album vinyl. Look sharp de J. Jackson. Découvert à la radio sur l’émission de rock qui comptait, celle de Bernard Lenoir sur France Inter : Feedback. Le rock avait déboulé dans ma vie de lycéen, contre la disco surtout, comme une identité nouvelle et forte, mais qui n’évacuait pas le goût des « oldies but goldies » (J. Hendrix, J. Joplin, The Doors, N. Young, etc.).

Pour l’adolescent que j’étais, le temps se dilatait. 5 ans, c’était une éternité et les artistes d’avant la crise pétrolière, fraichement disparus pour certains, prenaient l’allure de lointains ancêtres. Les références new wave venaient se frotter au punk, alors qu’on se plaisait à exécrer les skinheads, ceux pour qui porter la croix gammée n’avait rien d’un geste de dérision. La musique offrait un moyen d’expérimenter l’émancipation familiale (plus que de la vie bourgeoise, faut le dire). Elle offrait une forme de liberté dans l’immersion de la « Haute fidélité » bien avant les concerts live. Elle faisait corps avec une attention passionnée pour la vie au présent symbolisée par le slogan du « no future » que la crise du chômage ambiant et encore abstrait pour beaucoup d’entre nous, venait renforcer.

Que l’on ait vécu cette période ou non, attiré ou distant, la démarche historienne de Pierre Raboud forte de 10 ans de recherche à l’Université de Lausanne, est une porte originale pour saisir un temps très court (1977-1982) fait de tensions entre le pur rejet des codes sociaux et une posture politique plus revendicative. Puisant principalement dans les fanzines, mais également dans les archives policières, l’analyse ne se laisse pas rattraper par la nostalgie ou la mythification et informe avec rigueur sur l’irruption et le déploiement éphémère – hors espace anglophone – d’une contre-culture jeune rapidement éclatée et vite récupérée.

A l’heure de la mondialisation musicale, les plateformes permettent de retrouver les sons de cette époque (les groupes de l’Allemagne de l’Est sont difficiles à retrouver) mais l’audience a fondu. Rares sont les groupes de cette époque dépassant une audience active de plus de 10 000 personnes. Bilan froid et sans doute insuffisant méthodologiquement, mais pas sans intérêt sur le devenir d’une constellation dont certains titres passent désormais dans les supermarchés ou servent de bande son aux publicités. F*** off.

Disponible à la Bibliothèque de Genève, cet ouvrage inaugure une nouvelle collection sur les cultures populaires contemporaines. A suivre…

Raboud Pierre, avec la collaboration de Serre Solveig & Robène Luc. (2019). Fun et mégaphones : L’émergence du punk en France, Suisse, RDA et RFA (En marge !). Paris: Riveneuve.

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