
Certaines demandes de lecteurs et de lectrices sont l’occasion de travailler entre spécialistes de la Bibliothèque, voire même de faire appel à des expert-e-s externes. La reproduction d’un papyrus demandé pour un travail éditorial est un bel exemple de cette collaboration.
Le papyrus en question, un recueil de diatribes cyniques du IIe s., porte la cote P. Gen. inv. 271. Il fait partie d’une collection de plus de 1000 papyrus dont les plus anciens remontent au IIIe s. av J.-C. Cette magnifique collection, à la renommée internationale, a été diffusée sur Internet au début des années 2000 avec la mise en ligne du Catalogue des papyrus genevois versé récemment dans la nouvelle base des Manuscrits et Archives privées de la Bibliothèque de Genève.

Conservé sous verre, ce papyrus est composé de quatre fragments dont plusieurs parties sont carbonisées. Le défi était de rendre ces parties lisibles. Stéphane Pecorini (photographe, Bibliothèque de Genève) a tout d’abord photographié le papyrus en surexposition, mais la qualité de l’image était encore insatisfaisante. Il a alors contacté plusieurs institutions pour tester le résultat en utilisant un appareil à infrarouge, notamment le Département d’astronomie de l’UNIGE, l’Ecole des sciences criminelles de Lausanne, les HUG, les CJB et le MEG. Le papyrus a finalement été photographié au MAH par Victor Lopes (conservateur responsable, MAH) au moyen d’une caméra infrarouge. Auparavant, Cinzia Martorana (conservatrice restauratrice, Bibliothèque de Genève) avait soigneusement débordé le verre de protection.

Le résultat est stupéfiant. La photographie infrarouge permet le déchiffrement de ce papyrus par des procédés renforçant le contraste entre l’encre et le fond brunâtre. Victor Lopes a également testé avec succès la numérisation à l’ultraviolet.
Grâce à la photographie numérique infrarouge, le travail éditorial du P. Gen. Inv. 271 inv. suit son cours.
