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En ce 19 juin 2023 sont célébrés les 400 ans de la naissance du mathématicien, inventeur et philosophe français Blaise Pascal (1623-1662).

Cette célébration est aussi l’occasion d’évoquer sa famille, si importante dans sa vie et dans son œuvre, et tout particulièrement ses deux sœurs, Gilberte Périer (1620-1687) et Jacqueline Pascal (1625-1661), qui ont joué un grand rôle dans les réflexions intellectuelles et spirituelles de leur frère.

Portrait anonyme de Jacqueline Pascal, conservé au musée d’art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand

Jacqueline, la sœur cadette, est «le grand amour» de Blaise. Tout comme son frère, elle est intellectuellement précoce. Dès son plus jeune âge, elle développe un attrait pour la poésie et compose son premier vers à 8 ans et son premier sonnet à 13 ans, qu’elle récite devant la reine Anne d’Autriche (1601-1666). Talentueuse, en 1640 elle est encouragée par le grand poète Pierre Corneille (1606-1684) à participer au concours de palinods de Rouen et obtient le premier prix pour le poème Stances sur la conception de la Vierge. La même année, elle écrit la chanson Sombres déserts, retraites de la nuit, qui est mise en musique par le compositeur baroque Michel Lambert (1610-1696).

En 1646, la famille Pascal se rapproche du bastion janséniste de Port-Royal. Captivée par les écrits jansénistes, Jacqueline demande à recevoir la confirmation et entre dans les ordres après le décès de son père, le 4 janvier 1652. Elle prend le nom de Jacqueline de Sainte-Euphémie et guide dès lors son frère dans sa quête spirituelle. Elle est placée sous la direction de l’ecclésiastique janséniste Antoine Singlin (1607-1664), qui devient le directeur de conscience de Blaise. Jacqueline, établie à Port-Royal, noue des liens avec des grandes figures du jansénisme telles que le prêtre et mathématicien Antoine Arnauld (1612-1694). Les persécutions contre les Solitaires s’intensifiant, les ecclésiastiques sont contraints de signer entre 1656 et 1669 un formulaire antijanséniste intitulé le «formulaire d’Alexandre VII» . En 1661, Jacqueline s’y oppose mais finit par le ratifier, mourant peu de temps après. Les échanges épistolaires entre Jacqueline et Blaise constituent aujourd’hui l’une des plus grandes sources documentaires sur le penseur.

Portrait anonyme de Gilberte Périer, réalisé au XVIIe siècle et conservé au musée d’art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand

Gilberte, l’aînée, joue également un rôle très important dans la vie de son frère. A la mort de leur mère, Antoinette Begon, en 1626, elle prend en charge la maison et s’occupe de son frère et de sa sœur. En 1641, elle épouse à Rouen son cousin Florin Périer, conseiller à la cour et retourne définitivement en Auvergne en 1642. Tout comme Jacqueline, Gilberte correspond régulièrement avec son frère, qui lui fait part de ses travaux et réflexions intellectuelles. Elle l’accompagne dans ses raisonnements. Parmi les manuscrits des Pensées de Pascal figurent neuf autographes écrits de la main de Gilberte.

Gilberte Périer est une figure protectrice pour Blaise. Lors de la Fronde, période de troubles en France allant de 1648 à 1653, la famille Pascal trouve refuge dans la demeure des Périer. Malade et affaibli, Blaise se repose à plusieurs reprises au domicile de sa sœur, chez laquelle il termine ses jours.

Après la mort de Blaise, le 19 août 1662, Gilberte est désignée comme unique héritière. Tous les biens du penseur, notamment ses papiers et ses livres, passent entre les mains de sa sœur aînée. Elle se consacre dès lors à la rédaction de mémoires sur la vie de Blaise, une sorte de récit hagiographique magnifiant la piété de son frère. Dans un premier temps, elle refuse de publier son manuscrit, qu’elle souhaite garder confidentiel. En effet, elle se livre à un récit intime, décrivant les liens profonds qui unissaient les enfants Pascal: «… aussitôt qu’il se rencontrait quelque occasion où j’avais besoin du secours de mon frère, il l’embrassait avec tant de soin et de témoignages d’affection, que je n’avais pas lieu de douter qu’il ne m’aimât beaucoup» . Toutefois certains passages de cette œuvre paraissent dans la préface de Florin Périer à l’édition de 1663 des Traités de l’équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l’air. Dix ans plus tard, le 12 mai 1673, Gilberte Périer obtient un privilège, valable dix ans, pour la publication de son œuvre. Il faut attendre 1684 pour que le texte intégral soit publié sous le titre de La Vie de M. Pascal, à Amsterdam, et 1686 pour la première édition française.

Peu de temps après la rédaction de La Vie de M. Pascal, Gilberte se consacre à sa défunte sœur et compose La Vie de Jacqueline Pascal. Ce second et dernier ouvrage ne voit le jour qu’en 1751, 64 ans après le décès de Gilberte Périer.

À partir du XIXe siècle, les sœurs Pascal commencent à être étudiées. En 1845, le philosophe et académicien français Victor Cousin (1792-1867) dédie son ouvrage Premières études sur les femmes illustres de la société du XVIIe à Jacqueline, analysant sa correspondance avec son frère. À la Bibliothèque, nous possédons l’édition de 1849. S’en suivent au XXe siècle quelques publications scientifiques tels les actes du colloque Deux grandes figures d’Auvergne: Gilberte et Jacqueline Pascal, publiés en 1982 ou La vie de Monsieur Pascal; suivi de la vie de Jacqueline Pascal analysée en 1994 par le professeur Alain Croupie.

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