Jamais à ce point l’actualité n’a été focalisée vers la nécessité d’économiser l’énergie. «Traiter l’énergie comme une ressource inépuisable est un luxe que nous n’avons plus» peut-on lire dans les quotidiens ces temps.
Les riches collections du Centre d’iconographie abritent entre autres l’important fonds d’archives des Services industriels de Genève, notre principal fournisseur en eau, gaz et électricité. Ces collections permettent de documenter un pan de l’histoire de Genève avec l’arrivée du gaz, puis de l’électricité – et des progrès qu’ils ont permis. On voit ici deux tirages albuminés provenant des nombreux albums du Service de l’électricité. Ils représentent un candélabre trônant fièrement au milieu de la plaine de Plainpalais, vers 1900 – où l’on voit un employé en train de changer les charbons d’une lampe à arc de 20 ampères.
Alors que les craintes d’une pénurie d’énergie remettent le sujet de l’éclairage public au cœur des préoccupations, ces images nous replongent sur un épisode de son histoire, lorsque les candélabres électriques ont pris le pas sur les réverbères à gaz. Jusqu’au 18e siècle, la nuit est perçue comme une menace permanente et, à la nuit tombée, les rues se vident dès la fermeture des portes de la ville, les déplacements ne sont autorisés qu’en étant muni d’un falot ou d’une lanterne à huile. L’introduction de l’éclairage au gaz constitue ainsi une avancée spectaculaire, lorsque près de 300 becs de gaz sont installés en quelques mois en 1844 pour illuminer la ville, effaçant ainsi, comme l’indique Gérard Duc, la distinction séculaire entre le jour et la nuit et transformant en profondeur notre rapport au temps et modifiant durablement nos modes de vie(1). Il faut attendre les années 1890 pour voir l’éclairage électrique s’imposer, l’électricité remplaçant d’un même élan le gaz pour l’éclairage et l’eau sous pression pour la force motrice.
- Gérard Duc, Anita Frey, Olivier Perroux : Eau, Gaz, Electricité. Histoire des énergies à Genève du XVIIIe siècle à nos jours.