Jean Huber est un artiste genevois né le 13 janvier 1721, dont nous fêtons cette année le tricentenaire de sa naissance. Il devient d’abord populaire à Genève en sa qualité de découpeur de silhouettes et de caricaturiste. Or c’est sa relation avec Voltaire qui renforce sa notoriété. Dès 1756, il fréquente régulièrement les Délices puis Ferney.
Immergé dans le monde littéraire et philosophique de l’époque, il côtoie les personnalités qui rendent visite à Voltaire. C’est par ce biais qu’il rencontre Melchior Grimm qui le fait connaître auprès des Parisien-ne-s.
Cependant, Voltaire se montre parfois agacé de l’empressement avec lequel Huber a exécuté son travail, principalement quand il s’agit de lui. C’est ainsi qu’il écrit à Mme du Deffand, en 1772: «Puisque vous avez vu M. Huber, il fera votre portrait, il vous peindra en pastel, à l’huile, en mezzo tinto, il vous dessinera sur une carte avec des ciseaux, le tout en caricature. C’est ainsi qu’il m’a rendu ridicule d’un bout de l’Europe à l’autre.» On remarque ici le réalisme du portrait: la contraction de la bouche rappelle que Voltaire avait, l’une après l’autre, perdu toutes ses dents.
Son attachement à Voltaire et sa production autour de la représentation du philosophe font qu’il est surnommé Huber-Voltaire. Il reste connu notamment pour avoir peint le célèbre Dîner des philosophes, mais également une collection de ces scènes peintes la «Voltairiade», dont le Voltaire et les paysans.
Pour aller plus loin:
Garry Apgar, L’art singulier de Jean Huber: voir Voltaire, Paris, A. Biro, 1995.
Silvia Mazzoleni, Ostinatamente Voltaire, Tesserete, Pagine d’Arte, 2019.
Maison de Malvand, où réside Jean Huber entre 1721 et 1728, à Prégny-Chambésy