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De nombreuses vues de Genève et sa région ont été faites dans le dernier quart du 18e siècle et la première moitié du 19e. De qualité inégale, elles ont pour auteurs des artistes qu’il est convenu d’appeler les «petits maîtres». Ces créations, largement diffusées par l’estampe, devaient satisfaire la curiosité des voyageurs et voyageuses qui faisaient étape dans la cité de Jean Calvin et de Jean-Jacques Rousseau avant de se rendre à Chamonix et dans les Alpes. Le public local en était tout aussi friand et les collectionnait.

La Bibliothèque de Genève et le Musée d’art et d’histoire conservent un grand nombre de ces vues. Lorsque de nouvelles pièces apparaissent sur le marché, le Centre d’iconographie cherche à les acquérir, en particulier lorsqu’il s’agit de dessins de qualité. Il a pu ainsi acheter, à fin 2022, une œuvre réalisée par Jean-Antoine Linck depuis les jardins de Plainpalais dont on connaissait déjà une gravure produite sur son modèle par Carl Hackert. Elle séduit immédiatement par la savoureuse description qu’elle propose d’un monde rural très présent aux abords de la ville, la luxuriance de la végétation et les détails savoureux d’une vie quotidienne idéalisée dans l’esprit de Rousseau.

Jean-Antoine Linck (1766-1843), Vue de Genève depuis les jardins de Plainpalais
Aquarelle sur papier, 1790 (Bibliothèque de Genève, 2022 026 e 02)

Linck et Hackert collaboraient régulièrement, l’un créait les images, l’autre les gravait. Ils étaient tous deux issus de familles germaniques attirées à Genève par la prospérité de son marché de l’art. Le premier, né dans la ville en 1766 et mort en 1843, était le fils d’un artiste allemand d’Erlangen. Signe de sa réussite sociale, le beau portrait qu’a fait de lui Joseph Hornung. Son fils Antoine fera par ailleurs une belle carrière militaire. Hackert quant à lui naquit en 1740 à Prenzlau dans le Brandebourg et mourut à Morges à l’âge de 56 ans.

La Bibliothèque a en outre pu faire l’acquisition d’un deuxième dessin de Linck: une vue de la cour du château de Saint-Loup à Versoix en 1805. On ne conserve que peu de représentations de ce monument qui soient antérieures à sa complète transformation dans les années 1870 à l’initiative de son propriétaire d’alors, le fabricant de soierie, François Louis Conty-Giraud (1821-1912). Mal entretenu par la suite, l’ensemble a été démoli en 1953.

Jean-Antoine Linck (1766-1843), Cour intérieure du château de Saint-Loup à Versoix
Gouache sur papier, 1804 (Bibliothèque de Genève, 2022 023 e 03)

Linck montre un château d’allure médiévale avec ses tours, l’une ronde et l’autre carrée, de la fin du Moyen Âge. On voit aussi sur la gravure un grand corps de ferme plus récent qui a dû être édifié au tournant des 18e et 19e siècles, une adjonction due probablement à Jacques Bâcle (1733-1814), un protestant genevois qui a fait carrière comme soldat au service de Hollande et qui acquiert le domaine en 1776. On reconnaît à nouveau sur cette gouache l’intérêt de Linck pour la description de la vie agricole et ses détails pittoresques.

Charnaux Frères & Cie (1881 – 1941), Le château de Saint-Loup près de Versoix, carte postale
1905-1909 (Bibliothèque de Genève, jds 01 vsx 119)
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