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Édouard Debat-Ponsan, Un matin devant la porte du Louvre, 1880, musée d’art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand
Catherine de Médicis, sotie du Louvre, contemple avec dédain les protestants massacrés pendant la nuit de la Saint-Barthélemy. La nudité des corps contraste avec le faste des costumes princiers.

Dès le 16e siècle, Catherine de Médicis est volontiers présentée comme une des principales instigatrices du massacre de la Saint-Barthélemy dans des écrits fustigeant son action et sa personnalité, à l’exemple du pamphlet anonyme Discours merveilleux de la vie, actions et déportements de Catherine de Médicis, diffusé à partir de 1575. La duplicité et la trahison sont ses armes favorites et on lui attribue les pires atrocités: ruse, complots, empoisonnements, assassinats et jusqu’au massacre d’août 1572.

Catherine de Médicis assistant au massacre de la Saint-Barthélemy, détail d’un tableau de François Dubois, vers 1575. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, inv. 729.

La recherche historique récente a montré que ce paroxysme de violence est trop complexe pour que Catherine de Médicis l’ait fomenté seule. Mais la légende noire perdure et de nombreux auteurs s’en sont emparés comme Prosper Mérimée dans Chronique du règne de Charles IX (1829) ou Alexandre Dumas dans La Reine Margot (1845). Les mêmes traits sont mis en avant dans la culture cinématographique et télévisuelle. D.W. Griffith, dans son film muet Intolérance (1916), dirige une Catherine qui tente de convaincre son fils, hésitant, d’ordonner la tuerie dont elle se réjouit. Des productions télévisées sont dans la même veine: Alice Sapritch, dans La Reine Margot de René Lucot (1961) et Catherine de Médicis d’Yves-André Hubert (1989), demeure une reine mère tout aussi perfide. Virna Lisi dans La Reine Margot de Patrice Chéreau (1994) joue un personnage plus contrasté, mais elle reste une commanditaire sanguinaire. Enfin, Evelina Meghnagi l’incarne dans La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier (2010). Le scénario la met très peu en scène dans cette fresque inspirée de Madame de Lafayette mais, même sans massacre, elle apparaît comme une femme-ogresse, férue d’astrologie divinatoire écrasant par son autorité le roi Charles IX.

À quelques exceptions près, Catherine de Médicis est dans la culture populaire une intrigante despotique, l’incarnation féminine d’un machiavélisme politique dont le massacre de la Saint-Barthélemy sert le plus aisément de démonstration.

Céline Borello, professeure d’histoire moderne, Le Mans Université

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