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La Saint-Barthélemy est un événement majeur de l’histoire européenne dont on commémore cette année les 450 ans. Le passage des familles protestantes fuyant à partir de 1572 les persécutions dont elles sont victimes en France a durablement marqué la mémoire genevoise. La Bibliothèque de Genève qui conserve de nombreux documents en relation avec l’histoire du protestantisme, a tenu à évoquer cette histoire en publiant une série de blogs. Elle a fait appel à divers spécialistes qui en illustreront de manière originale un événement, un thème ou un objet qui leur ont paru particulièrement significatifs.

«J’ai toujours la fièvre le 24 du mois d’auguste», nous confie Voltaire dans sa correspondance en 1769. Le 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy, ce jour «qui se marque de rouge, et rougit de sa honte» (Agrippa d’Aubigny), s’inscrit dans l’histoire longue des guerres de religion avant de devenir le symbole même de l’intolérance, du 18e siècle à nos jours.

Dès les années 1520, les controverses religieuses entre catholiques et protestants enflamment l’Europe. En Suisse, la question confessionnelle entraîne très tôt, dès 1529, des guerres entre villes protestantes et régions restées fidèles à l’ancienne foi (guerres de Kappel). Si le nombre de morts tombés lors de ces affrontements n’est pas négligeable, les cantons helvétiques trouvent rapidement un équilibre (confessionnalisme) qui n’exclut pas ponctuellement des conflits. Tout autre est la situation française où les guerres entre factions catholiques et protestantes mettent le pays à feu et à sang, à partir des années 1520 jusqu’à l’extrême fin du siècle et la promulgation de l’édit de Nantes.

Le 18 août 1572 est célébré le mariage du chef des réformés, Henri de Navarre, qui deviendra roi sous le nom d’Henri IV, avec Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX et fille de Catherine de Médicis. Loin d’apaiser les tensions, cette union est un signal pour les plus fanatiques du parti catholique. Le matin du 22 août, l’amiral protestant de Coligny est blessé par des coups d’arquebuse. À l’aube du 24, il est assassiné et son cadavre jeté dans la rue. Le massacre s’étend rapidement à Paris puis à la France. Les protestant-e-s sont traqué-e-s et mis-es à mort par la foule, très souvent composée de proches des victimes. On estime à 30000 le nombre total de personnes tuées.

Des médailles sont frappées en 1572 pour célébrer l’action royale. Ce fac-similé montre le portrait du roi Charles IX, dont le règne est marqué par d’incessants conflits religieux qui culmineront à la Saint-Barthélemy. Sur le revers figure Hercule tuant l’hydre accompagné d’une terrible devise: «Ne ferrum temnat, simul ignibus obsto», soit «si le fer n’y suffit, j’y porte aussi les flammes» (Musée historique de la Réformation, mhr m 085).

L’événement fait date, est élevé au rang de mythe. À Genève, il est l’un des événements majeurs qui ont influencé la conception que se font les protestant-e-s de leur histoire. Dès le XVIe siècle, un peintre français établi dans la ville en fait un tableau qui en montre l’horreur tout en pointant les responsabilités de l’entourage royal, au premier rang celles de Marie de Médicis (le tableau est aujourd’hui conservé au Musée des Beaux-Arts de Lausanne). Les images, textes littéraires et films, du 16e au 21e siècle, basés sur cette histoire ont ainsi durablement façonné la culture mémorielle européenne.

Genève accueille 2200 réfugié-e-s français-es entre 1572 et 1574, 700 pour le seul mois de septembre 1572, dont la plupart poursuivront leur route vers le nord. Au 19e et 20e siècle, cet exode devient un thème privilégié de l’iconographie protestante (Édouard Elzingre, Arrivée des réfugiés français à la porte de Cornavin, 1917, Bibliothèque de Genève elz e ff 0381 1572

Retrouver ici les autres billets de la série.

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